Gisèle Caron – Directrice générale d’Au Coup de pouce Centre-Sud de 2002 à 2022

Gisèle Caron – Directrice générale d’Au Coup de pouce Centre-Sud de 2002 à 2022

Ce portrait coïncide avec la fin de mandat de Gisèle Caron en tant que directrice générale d’Au Coup de pouce Centre-Sud inc 1. Par son engagement sans limite pour cet organisme au cours de ces 20 ans d’exercice, Gisèle jouit d’une certaine popularité à Montréal et au Québec. La députée Manon Massée lui a d’ailleurs remis la médaille de l’Assemblée nationale en 2017.
À l’unanimité, tout le monde salue son énergie, ses convictions, sa témérité et sa joie de vivre. Néanmoins, son humilité et sa discrétion ont peut-être pu rendre ses actions moins visibles pour celles et ceux qui ne sont pas investi.e.s dans les milieux communautaires, culturels et sociaux de Montréal. C’est pourquoi nous avons voulu rendre hommage à son parcours en proposant ce portrait. 

 

Gisèle Caron – journaliste 

Originaire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière dans la région du Bas-Saint-Laurent, Gisèle part très jeune vivre à Ottawa pour y travailler deux étés. Après avoir été diplômée d’un baccalauréat en littérature (Université Laval, 1980) elle s’installe à Trois-Rivières. Elle y travaille à la fois comme graphiste/rédactrice à Biregg Design et comme militante au Centre d’aide pour les victimes d’abus sexuels. Six ans après, une occasion incroyable se présente et elle s’embarque alors en famille pour de nouveaux défis dans la région du Nord de l’Ontario. À Kapuskasing, elle occupe le poste de rédactrice au Journal Le Nord. Elle traite tout, des petits faits divers au passage du premier ministre Brian Mulroney et se souvient en souriant que « c’était trois années absolument fabuleuses ! »  2. Là-bas, elle est très heureuse de pouvoir profiter de la Baie James et d’avoir la chance de couvrir les spectacles de Daniel Lavoie, Jean Lapointe, Georges Hamel, Richard Desjardins (sa première tournée), Marcel Aymar et Jean-Marc Dalpé entre autres. Pendant cette période dans le Moyen Nord, elle collabore aussi avec le magazine Femme d’ici et l’Université de Sudbury et effectue une étude sur les abus sexuels pour le Groupe d’action contre la violence envers les femmes de Kapuskasing.

 

Montréal, un virage communautaire 

En 1991, Gisèle Caron revient au Québec et s’installe à Montréal dans le quartier des faubourgs, où elle habite jusqu’en 2004. Elle retourne aux études et obtient un certificat en animation culturelle (UQAM, 1992) et un second baccalauréat en intervention psychosociale (UQAM, 1995). Pendant ses études, elle continue de rédiger des dossiers de presse, d’organiser des levées de fonds et des commandites pour des artistes professionnels.les comme Serge Lemoyne, Isabelle Forget, André Pappathomas, pour ne citer qu’eux. Mais surtout, pendant sept ans, elle est intervenante psychosociale au Refuge des femmes et au Centre de crise de l’Ouest de l’Île. Gisèle confie avoir adoré cette expérience à responsabilités où elle est en charges de dossiers et coordonne une équipe de de cent quatre-vingts bénévoles. Elle fait aussi de l’expertise à la cour et met dans ce cadre ses compétences à profit pour rédiger les procédures d’accueil et de tenue de dossier.

En 1997, Gisèle Caron confirme son orientation dans le domaine communautaire en prenant en charge l’organisation du Forum de développement local du Conseil communautaire de Côte-des-Neiges/Snowdon. Elle se souvient de l’entretien d’embauche et du challenge que ce forum a constitué : « Vous avez un mois pour tout organiser, certains organismes ne se parlent pas, vous devez les rassembler, trouver un local, etc. » 3. Forte de cette expérience, on lui propose par la suite de coordonner de projets pour le Programme de rapprochement école/communauté/famille à la CSDM de Côtes-des-Neiges. Pendant huit ans, elle occupe ce poste et travaille avec les équipes-écoles, les parents d’élèves et les jeunes de sept écoles primaires, pour créer du lien et faire en sorte que leurs besoins soient comblés.

 

Années 2000, prise en main d’Au Coup de pouce 

C’est avec une solide expertise dans les domaines communautaire, social et culturel, avec ce goût du défi et cette force de travail à toute épreuve, que Gisèle arrive Au Coup de pouce. Quand elle prend la tête d’Au Coup de pouce en 2002, le poste de direction est vacant depuis quelques mois. Les finances de l’organisme ne sont pas très bonnes, le loyer n’y est pas pour rien. Les locaux ne sont pas encore situés au chaleureux 2338 rue Ontario Est, mais au deuxième étage du centre d’achat de la Place Frontenac. Sans transition ni passation avec la dernière personne en place, Gisèle Caron passe en revue l’ensemble des classeurs de l’organisme pour s’imprégner de son histoire et ainsi être en mesure de s’atteler à la continuité de l’organisme et de son mandat.

Le premier enjeu de taille que notre nouvelle directrice rencontre Au Coup de pouce s’avère être aussi une de ses plus grandes fiertés. En 2003, la situation est préoccupante. Après avoir reçu un avis d’éviction par les représentants des propriétaires, Gisèle Caron est certaine que le meilleur choix à long terme n’est pas de s’acharner à rester dans ces bureaux, mais de revenir sur la rue Ontario. Après de longues recherches, un comité engagé, « beaucoup de travail, de courage et un peu de chance » 4 le rez-de-chaussée d’une unité de condominium sur la rue Ontario s’avère être le lieu idéal. Non seulement ce nouvel emplacement crée un lien avec l’histoire de l’organisme parce qu’il se situe en face d’un de ses anciens locaux, mais en plus Au Coup de pouce a de nouveau pignon sur rue. Stratégie payante car cela permet à l’organisme de regagner en proximité, en chaleur et donc en popularité. Cette belle aventure est d’autant plus une réussite qu’Au Coup de pouce est depuis 2005 propriétaire du 2338 – 2344 rue Ontario Est !

 

Au Coup de pouce – l’organisme et ses projets  

Par la suite, c’est une longue et progressive transition qui s’opère avec une restructuration du fonctionnement de l’organisme. La première planification stratégique du mandat de Gisèle Caron prend appui sur des consultations auprès des acteurs.rices de l’OBNL (membres du CA, bénévoles et citoyens.nes) et une évaluation complète des services. Il est décidé de ne pas poursuivre les cours de langues et les formations en bureautique, mais plutôt de s’atteler à créer « un lieu d’éducation populaire adapté à la réalité locale et aux besoins spécifiques des gens du quartier. » 5 Ce nouvel élan s’inscrit dans la droite ligne du mandat d’éducation populaire d’Au Coup de pouce depuis sa création en 1973 : « Accueillir, accompagner et outiller les adultes du quartier en favorisant le développement et la reconnaissance de leurs habiletés à s’engager et se mettre en action afin de bâtir un avenir plus inclusif pour tous et toutes. » 6 On peut ajouter qu’Au Coup de pouce est « un lieu d’accueil pour briser l’isolement, où on peut trouver de l’aide pour réaliser ses projets » 7.

En plus des ateliers d’informatique, de photographie, de conversation anglaise, des cafés-rencontres et des nombreuses activités de jardinage, d’écriture, de théâtre, de yoga, de danse, … On ne peut s’empêcher d’évoquer les fêtes d’Halloween, de Pâques, de la Saint-Valentin et de Noël, qui sont autant d’occasions renouvelées d’apprendre et de créer du