JÉRÔME FÈVRE-BURDY

JÉRÔME FÈVRE-BURDY

JÉRÔME FÈVRE-BURDY – Co-directeur du restaurant Au Petit Extra et gestionnaire du Cabaret Lion d’Or.

Jérôme Fèvre-Burdy est sans aucun doute, l’une de ces personnes qui font du Centre-Sud un pôle culturel incontournable. Passionné d’art et de culture, il nous raconte ce qui l’a mené à la barre de ces deux institutions montréalaises.

Natif de la région du Jura, en France, Jérôme se passionne très tôt pour la musique, son père possédait un magasin de disques et c’est dans cet environnement riche et foisonnant qu’il a pu découvrir des artistes tels que Les Beatles, Les Stones, Bowie, Leonard Cohen (pour ne nommer que ceux-là), qui l’ont beaucoup influencé. Jérôme devient ensuite DJ dans un club rock, tout en travaillant au magasin de disques de son père.

En 1986, il fait son premier voyage à Montréal, émerveillé par le dynamisme culturel de la métropole, il décide de transformer son séjour touristique de façon à être plongé au cœur de la vie artistique montréalaise. « C’est cette vitalité de la scène culturelle qui a provoqué mon véritable coup de cœur pour Montréal » nous explique-t-il, et c’est pourquoi il est de retour neuf mois plus tard, cette fois, pour le travail, en organisant une tournée du groupe de rock : les infidèles.

Un autodidacte passionné

C’est en 1988 que Jérôme s’installe officiellement à Montréal, où il travaille d’abord dans la maison d’édition Houji. Quelques mois plus tard, son chemin le mène au restaurant Au Petit Extra et au Cabaret Lion d’Or. Il s’y sent tout de suite chez lui et voue dès lors un véritable amour pour ce lieu culturel. Pendant plusieurs années, Jérôme va d’ailleurs y consacrer toute son énergie, s’occupant d’abord de l’entretien, puis de la direction technique et des améliorations locatives, et c’est petit à petit, au travers de ces diverses tâches, qu’il s’est mis à la gestion et à la direction artistique du lieu. Jérôme nous confie que sa plus grande fierté professionnelle : « c’est de sentir que l’on fait partie d’un paysage de création et de diffusion, que l’on encourage des personnes de bonne volonté. Par exemple, en accueillant des créateurs qui s’autoproduisent, on participe en quelque sorte à l’effort artistique, et l’on contribue, d’une certaine manière, à ce mouvement de création ».

Le mythique Cabaret Lion d’Or

Aujourd’hui, le Cabaret Lion d’Or est devenu l’une des salles de spectacle les plus connues de la métropole, elle se démarque par son accessibilité, son ouverture et surtout par son audace. Dès son inauguration en 1930, lors de l’émergence des cabarets montréalais, plusieurs artistes de l’époque s’y produisaient, tels que Alys Roby, Vic Vogel, Muriel Millard, Peggy Lee, Willie Lamothe, et bien d’autres. C’est à partir de 1987, que les propriétaires du restaurant Au Petit Extra décident d’effectuer une multitude de travaux permettant l’accès du restaurant au Cabaret et rendant à celui-ci son lustre d’antan. Avec son somptueux décor d’inspiration «art déco», Le Lion d’Or est à ce jour, l’une des dernières salles qui témoignent de l’époque des années folles à Montréal. Il se distingue par sa programmation diversifiée et c’est en quelque sorte ce qui a aidé les propriétaires à passer au travers des années plus difficiles : « Ils ont commencé à louer la salle à des artistes de la relève, comme des jeunes troupes de théâtre, en leur faisant un bon prix, et au fil des années, cela a forgé des amitiés et des coopérations qui font maintenant partie de l’ADN du Lion d’Or ». Aujourd’hui, Jérôme et son équipe essaient de conserver cette essence, afin que le Cabaret demeure pluriculturel, accessible, et ouvert, un endroit où l’on favorise la prise de risques sur les performances plus académiques.

L’impact de la Covid-19 sur le Cabaret Lion d’Or et Au Petit Extra

La crise sanitaire actuelle a eu un impact financièrement significatif pour le Cabaret et pour le secteur culturel de manière générale. En effet, Jérôme nous explique que jusqu’à présent, le Cabaret Lion d’Or tombait en quelque sorte entre les craques des systèmes d’aide proposés par le gouvernement. Il y avait donc une certaine incertitude qui planait au-dessus du Lion d’Or depuis quelques mois. Cependant, Jérôme demeure optimiste pour la suite des choses, puisqu’il croit en la culture québécoise, et que même si cette crise aura eu beaucoup de répercussion sur le milieu culturel, au final, « on se relèvera, et on sera riche en chose à dire. Le milieu culturel porte un immense ressort psychologique en lui, et profite de ce genre de période pour engendrer de la matière artistique ». Il rajoute ensuite, que la situation actuelle permettra d’innover et d’avancer dans de nouveaux projets. En effet, son plan pour la prochaine année est de rendre le Petit Extra et le Lion d’Or complètement écoresponsable. Enfin, le Cabaret Lion d’or, fidèle à sa réputation, trouve des façons fort originales de diffuser les artistes, tout en respectant la distanciation physique, par exemple, plusieurs séries de spectacles en streaming sont prévues pour la fin mai et le groupe montréalais Dear Criminals a déjà annoncé des petits concerts intimes, accueillant une à deux personnes le temps d’une chanson, le 29, 30 et 31 mai prochain. Plusieurs autres projets spéciaux sont en gestation, nous explique-t-il, et plusieurs artistes complices se seraient proposés pour aider le Lion d’Or avec d’autres initiatives, donc dépendamment de l’évolution de la situation, le public aura droit à des collaborations surprises. À suivre donc….

Texte de Catherine Villeneuve- Lavoie