Les salaires en OBNL culturels

Voies culturelles des faubourgs

Les salaires en OBNL culturels

L’Étude nationale sur la rémunération 2017. Gestion et administration des organismes artistiques sans but lucratif est parue au début du mois. Elle fait état des conditions de travail des travailleuses et travailleurs culturels – salaires, avantages sociaux, assurances, besoins – qui sont employé.e.s dans un OBNL culturels. Préparée par le Conseil des ressources humaines du secteur culturel et Mercer limitée avec le soutien du Conseil des arts du Canada et du Ministère du patrimoine canadien, l’étude a récolté les réponses de 436 OBNL culturels au Canada, dont 164 au Québec, à la fin de 2017. Les derniers comparatifs de cette étude remontent à 2008.

Cette étude confirme les impressions que plusieurs travailleuses et travailleurs du milieu culturel ressentent au quotidien : les conditions de travail sont précaires et, pour la plupart, nettement en deçà de celles des autres secteurs. La sécurité d’emploi est rare et plusieurs employé.e.s sont sans assurances : « la portée et la fréquence des avantages offerts dans l’ensemble du secteur culturel sont disproportionnellement bas par rapport à ceux qui sont offerts dans d’autres secteurs » (4). Le principal avantage dégagé de cette étude : la flexibilité des horaires.

La plupart des organismes n’ont pas pu offrir d’augmentation significative du salaire de base depuis 2009. « En général, quand on tient compte de l’inflation, l’ensemble du secteur culturel (y compris les divers sous-secteurs) n’a pas connu de croissance réelle de la rémunération au cours des neuf dernières années. En comparaison, l’augmentation moyenne de la rémunération réalisée pour tous les secteurs de l’industrie était de 2,5 p. 100 par année depuis 2009 » (18). Avec ou sans augmentation, les salaires varient énormément selon le budget global de l’organisme. Une grande disparité est constante à ce niveau. Une direction générale, dans un organisme au budget de fonctionnement de plus de 5 millions$ fait en moyenne 5 fois le salaire de celle d’un organisme au budget de moins de 100 000$. Leur charge de travail n’en est pourtant pas moins grande. Il pourrait même s’avérer qu’il s’agit du contraire : « En général, les plus petits organismes artistiques ont moins d’employés, mais ces derniers occupent une plus grande variété de fonctions afin de remplir le mandat de leur organisme. Ces organismes sentent de plus en plus de pression des contraintes budgétaires » (5).

La précarité de ces emplois ainsi que la charge de travail qu’ils représentent fragilisent la structure des organismes culturels. Elles augmentent le roulement de personnel, compliquent le recrutement et la formation de la relève en plus de représenter un haut risque d’épuisement professionnel. 53% des répondant.e.s de l’étude disent que la principale priorité de ressources humaines au sein de leur organisation est la gestion du sous-effectif et de la surcharge de travail. Le milieu culturel doit en faire plus avec moins en plus de devoir passer plus de temps à rechercher l’argent pour le faire : « la majorité des répondants de toutes tailles ont indiqué que le financement insuffisant et le manque de ressources étaient leurs plus gros problèmes. […] Parmi les principaux besoins de formation, on retrouve le développement du leadership et la planification de la relève, les activités de financement et la programmation financière » (27).

La conclusion de l’étude est éloquente : « la situation des ressources humaines du secteur culturel est plus vulnérable que celle que nous observions il y a neuf ans. Les réalités du marché du travail et de la rémunération pourraient se devenir les principaux défis de recrutement et de maintien de l’effectif qui doivent être relevés d’ici un an ou deux afin d’assurer la capacité à long terme du secteur d’être en mesure d’avoir des mandats opérationnels et d’apporter de la valeur économique au pays » (29).

Espérons vraiment que l’intention d’« Améliorer la condition socioéconomique des artistes professionnels et des travailleurs culturels » (p. 21) du projet de politique culturelle du Québec se soldera par des actions lors du dépôt officiel de la nouvelle politique (lisez notre billet à ce sujet). Il en va de la vitalité de la culture et de la santé de ceux et celles qui la font.

 

Un texte de Virginie Savard