Paula Barsetti – Directrice générale du Théâtre de la LNI

Paula Barsetti – Directrice générale du Théâtre de la LNI

 

Plongée dans l’univers des arts de la scène depuis plus de 40 ans, Paula Barsetti, directrice générale du Théâtre de la LNI, est sans aucun doute une femme, une artiste et une gestionnaire au parcours exceptionnel.

Née à Québec, Paula a commencé à faire du théâtre en parascolaire à l’âge de 14 ans, puis découvre les « arts vivants», ce qui l’amène à entreprendre des études en théâtre à l’Université Laval. Elle complète ensuite des études à Montréal, tout en faisant des allers-retours entre Québec et Montréal. C’est un projet de coproduction, du Théâtre Sans Détour, du Théâtre du Quartier ainsi que du FTA pour le tout premier festival qui l’a amenée à déménager à Montréal.

Le théâtre un espace de création avant tout

Paula Barsetti est avant tout une artiste passionnée, amoureuse de la scène, en plus d’être une femme aux idées novatrices. En voulant réinventer et repousser aux delà des limites permises, les contraintes imposées au théâtre de l’époque, elle fonde en 1980 avec Pierre Mino et Réjean Bourgault, la compagnie Le Théâtre Sans Détour qui devient la première compagnie à développer, grâce à l’apport d’un nouveau collaborateur Gilles-Philippe Pelletier, le Théâtre Forum. Cette forme de théâtre, créée par le brésilien Augusto Boal, invite directement le public à venir remplacer des comédiens sur scène, pour faire place à de l’improvisation. Elle voue d’ailleurs dès cette époque, un véritable amour au théâtre d’improvisation, qu’elle a vu naître et dont le fondateur, le comédien Robert Gravel, fut pour elle une grande source d’inspiration.

Paula Barsetti a tout d’abord été comédienne pendant plus de quinze ans, en plus de travailler chez Omnibus (École de mime) pendant trois ans. Elle a toutefois mis sa carrière de comédienne en veille pour s’engager dans l’industrie récréotouristique, et a cofondé Le TAZ, qui demeure aujourd’hui encore à Montréal, un lieu très connu et fréquenté par les amateurs de sports alternatifs sur roues. Lors de sa relocalisation en 2009, elle est nommée directrice générale associée et dès lors bifurque vers la gestion culturelle.

D’artiste à gestionnaire inspirée

En 2010, Paula devient directrice administrative de la Compagnie de théâtre Les Deux Mondes, c’est l’agrandissement de l’immeuble pour accueillir le Théâtre Aux Écuries qui fut son principal mandat. Paula n’a donc jamais réellement quitté l’univers du théâtre et des arts de la scène, devenir gestionnaire culturelle n’est qu’une autre façon pour elle de créer, et d’insuffler de nouvelles idées à cette discipline. En 2017, Paula décide de revenir aux sources vers son ancienne passion l’improvisation, comme directrice générale au Théâtre de la LNI. « L’improvisation reste une forme de théâtre extrême, tant pour les acteurs, qui se mettent en danger face au public, que pour les spectateurs qui ne savent pas quelle direction ils prendront ». Depuis 2017, à travers son mandat comme directrice générale du Théâtre de la LNI, elle nous explique que «même si elle travaille dans l’ombre, elle a trouvé un espace de créativité qui lui permet de servir le public, et le théâtre d’une manière différente, mais tout aussi inspirée ». Un théâtre, est pour elle, « le lieu où elle se sent le plus en vie ». C’est donc cette passion pour les arts de la scène qui la pousse à se dépasser sans cesse dans son mandat à la LNI.

Être gestionnaire dans le milieu culturel comporte plusieurs défis, comme nous le confie Paula, particulièrement à cause de la précarité financière à laquelle ils sont sujets. Comme elle l’explique: « il serait aisé de croire que tout est plus facile pour un organisme culturel qui compte plus de 40 ans d’activités, alors que le milieu de la culture est sous financé par rapport à la quantité et la qualité de l’offre au Québec ». Bien sûr, avoir été avant tout une artiste, représente un atout important dans le poste qu’elle occupe présentement, et pour elle, c’est un alliage heureux, car une gestionnaire doit bien connaître la réalité de la production et surtout établir une très forte complicité avec la direction artistique.

L’impact de la COVID-19 sur le Théâtre de la LNI

L’année 2020 s’annonçait comme une année exceptionnelle pour le Théâtre de la LNI, : une tournée majeure était prévue pour les mois de mars et avril avec salles combles jusqu’au mois de mai. Mais dû à la crise actuelle, toutes ses activités ont été annulées, tout comme dans l’ensemble du milieu culturel. En comparaison avec la même période de l’année l’an passée, les pertes financières de la compagnie totalisent 87%. Ces pertes auront un impact majeur pour la suite des choses. Selon Paula Barsetti, plusieurs compromis devront être faits et une compensation financière de la part des gouvernements sera nécessaire afin de permettre aux organismes culturels et du théâtre de se relever de cette crise. Cependant, Paula demeure très optimiste pour la suite, en ajoutant que « notre plus grande force reste la sympathie que le public a pour la culture, et la très forte solidarité du milieu, toute discipline confondue. On croit tous dans l’importance de la culture, et de son développement, on partage tous cette vision-là, et ça ne peut pas faire autrement que de sensibiliser les gens, puisque nous avons tous vécus la crise ensemble, d’où l’importance de faire front commun.». Madame Barsetti termine en confirmant que le Théâtre de la LNI continue de travailler sur sa prochaine saison de spectacles. En effet, dès septembre, le Théâtre de la LNI prévoit de jouer à Espace Libre, en plus de travailler sur deux nouvelles créations, et sur la planification de toutes les autres activités de la compagnie dont la Saison de la Coupe Charade 2021. Selon elle, il faut apprendre à travailler de cette manière-là, et de continuer car « la machine est déjà partie ».

Texte de Catherine Villeneuve- Lavoie

Photo : Myriam Baril Tessier